Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Porte Narbonnaise ? Non, impossible !… Alors, les Espagnols vont passer, quand il suffirait, pour obstruer la brèche, qui n’est qu’un simple trou peu commode à escalader, de quelques morceaux de bois, un bout de charpente avec des pierres derrière… Ça le connaît, ce genre de travail, il ne fait que cela depuis des mois, dans sa cave, à la recherche du trésor… Et malgré lui il se rappelle le trou dans la cave de la Tête-Noire, et il rit malgré la gravité de la situation.

— Des morceaux de bois ! Vite ! Enfonçons une barrière de jardin, ça ne manque pas à côté, et portons-la ici… Mais aurai-je le temps ?

Il saute, il dégringole… La barrière du chafouin lui-même ? non, elle est trop mince… Parmi les jardins qui bordent le rempart, il y en a un tout à côté qu’il connaît bien. Cassagnol se sent les muscles d’un Hercule, il enfonce la barrière, mais les poteaux tiennent bien en terre, c’est dur et ce sera long… En tirant sur son poteau, il se heurte violemment à quelque chose qu’il renverse… Cela bourdonne et tout à coup il sent des douleurs cuisantes aux mains et à la figure… Cela brûle terriblement… Qu’est-ce là ?

Un éclair de chaleur traverse le ciel, à sa lueur il a vu, et une idée aussi a comme illuminé son esprit… Ah ! une ruche ! des abeilles ! des ruches !

C’est le salut, les Espagnols ne passeront pas !

Rapidement il enlève la ruche bourdonnante où les abeilles sont en révolution et, sans souci de s’écorcher aux traverses ou aux épines ou de se rompre les os dans l’escalade, sans souci des piqûres qui le brûlent, il arrive à la brèche où grimpent les Espagnols et jette sa ruche dans le trou.

Il ne cherche pas à voir l’effet, il redescend ou plutôt il roule parmi pierres et arbustes et il retourne au rucher.