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force de tendre l’oreille, il crut percevoir des bruits vagues dans toute cette noirceur inquiétante, et comme des chocs et des roulements de pierres.

— Qu’est-ce que c’est, voyons ? Colombe dirait que je deviens fou et elle aurait peut-être raison… Pourtant !

En levant la tête il n’apercevait que de vagues silhouettes de tours et la ligne de créneaux du rempart. Mais Cassagnol connaissait chaque pierre de ce côté de l’enceinte, il pouvait se diriger à l’aveuglette, les yeux fermés, de tour en tour. Sans faire le moindre bruit il gagna un escalier montant au crénelage et se trouva bientôt en haut. De là il dominait le jardin du chafouin à l’intérieur de l’enceinte et pouvait regarder à l’extérieur dans les Lices.

Non, rien, on ne voit rien qu’un gouffre sombre et l’on n’entend pas grand’chose non plus. Nouvelles hésitations de Cassagnol. Décidément, ne vaut-il pas mieux s’en aller se coucher ? Il reste pourtant. Une demi-heure se passe. Que doit penser Colombe là-bas ? Non, allons-nous-en. Il a eu la berlue, l’homme n’est pas là…

Soudain, des bruits très nets juste au-dessous de lui. Ce sont des pierres qui roulent en bas dans les Lices et Cassagnol entend comme un juron qui monte d’en dessous. Puis une ombre apparaît. Cassagnol croit bien distinguer la silhouette de l’homme qu’il a suivi. Mais comment peut-il se trouver dehors, dans les Lices, c’est-à-dire entre la première et la deuxième enceinte ? Cassagnol se rappelle tout à coup une ancienne poterne bouchée dont l’ouverture doit se trouver au pied d’une tour parmi les verdures et les broussailles juste au jardin de l’homme…

Cependant d’autres ombres ont paru dans les Lices, un rayon de lune glisse entre deux nuages… Cela ne dure