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un faible bruit sur la place du Grand-Puits lui fît tendre l’oreille. C’était en face, le voisin qui ouvrait doucement sa porte, se glissait avec précaution dans la rue et se perdait tout de suite dans l’ombre. Un joli temps pour une promenade nocturne. Où pouvait courir à cette heure le mystérieux individu ? Il n’allait certainement pas ce soir chercher le trésor d’Alaric…

Cassagnol aurait pu s’en aller dormir, pourtant il n’hésita pas. Il quitta le jardin en s’efforçant de ne faire grincer aucun caillou sous son pas et se trouva sur la place à son tour.

L’homme, à peine visible, marchait rasant les murailles, se dissimulant le plus possible dans l’ombre des toits. Cassagnol le suivait pas à pas, ne quittant l’abri d’une muraille que lorsque l’homme avait pris son avance.

Tout était noir, les maisons serrées où clignotait çà et là une petite lumière, les jardins où des arbres fantomatiques allongeaient de grands bras noirs. L’homme tourna sur la droite, silhouette noire se perdant dans le noir.

— Il s’en va donc à son jardin du rempart, pensa Cassagnol, à cette heure, que peut-il faire par là.

Qu’eût dit la pauvre Colombe si elle avait pu voir son mari assis sur une pierre dans un trou de mur devant le jardin du chafouin, et guettant depuis deux heures, les yeux écarquillés sans rien voir, les oreilles dressées sans entendre autre chose qu’un souffle de vent agitant les branches des arbres ou les sourds grondements du tonnerre dans le lointain !

Que faire ? Fallait-il laisser le mystérieux individu et rentrer au logis ? Cassagnol en était bien tenté, il était fatigué de sa faction et songeait à son lit.

Cependant il ne se décidait pas à rebrousser chemin. À