Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombante, du côté des remparts, il s’était heurté au vilain voisin en conversation avec une vieille bohémienne, précisément celle qui tenta naguère de voler Belleàvoir. À sa vue le conciliabule prit fin subitement et la gitane fila en lui lançant un mauvais regard, tandis que le vilain chafouin entrait dans une cabane appuyée à la muraille.

Que faisait-il là-dedans ? Le jardinet n’était guère cultivé, les mauvaises herbes et les broussailles y étouffaient un maigre carré de choux mal venus.

Cassagnol attendit un peu ; il aurait voulu engager la conversation avec le chafouin, pour voir un peu, mais le chafouin s’obstina à ne pas quitter ses choux. La gitane était loin, inutile d’essayer de l’interroger, d’ailleurs, quelle langue parlait-elle, cette vieille sorcière ?

Cassagnol songeait à cette rencontre de l’autre soir, tout en soignant ses tomates, des tomates superbes presque arborescentes, aux fruits gros comme des coloquintes. En proie à une inquiétude vague qu’il ne pouvait s’expliquer, il guettait la maison du chafouin par-dessus la haie ; c’était l’heure du souper, on n’y voyait plus guère, pourtant Cassagnol apporta sa soupe dans son champ de tomates.

— Encore une lubie, dit Colombe, qu’est-ce que tu fais là, je te le demande, au lieu de souper honnêtement avec nous ? Tu espères entendre chanter les fées du Grand-Puits ?

— Laisse-moi, dit Cassagnol, j’ai mal à la tête, ce soir, ici je respire.

Les heures passaient, la soirée s’avançait et le temps semblait se mettre à l’orage ; de sombres nuages couraient dans le ciel, la lune intimidée montrait à peine de temps en temps le bout de son nez pour s’éclipser aussitôt.

Comme il se redressait tout engourdi et s’étirait les bras,