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avait d’aisance et de grâce en selle. Le Sultan alla au-devant de lui et après l’avoir embrassé, le conduisit dans un salon magnifique où l’on servit un superbe repas. Tout en causant, Aladin acheva de conquérir les bonnes grâces du Sultan qui fit dresser immédiatement le contrat de mariage. Il voulait même que les noces eussent lieu le jour même, mais Aladin le pria de les différer jusqu’à ce qu’il eût fait construire un palais digne de recevoir la princesse sa fille. Puis il retourna chez lui et dès qu’il fut seul, frotta la lampe pour appeler le génie.

— Je désire que tu me fasses bâtir le plus rapidement possible, lui dit-il, un palais en face de celui du Sultan et que ce palais soit une merveille comme il n’en existe nulle part au monde.

Le lendemain matin, le palais était achevé. Cette demeure fastueuse, édifiée comme par enchantement, plongea le peuple, la cour et le Sultan dans une profonde admiration.

À la tombée de la nuit, la jeune princesse fit de tendres adieux à son père et se dirigea vers le palais où l’attendait Aladin. Elle fut immédiatement charmée de son allure et de sa distinction, Aladin la conduisit dans un immense salon dont la table était servie superbement. La fête dura jusqu’à minuit. Aladin se leva alors et conduisit la princesse Bradoulboudour dans leur appartement privé.

Aladin vécut ainsi plusieurs années, entouré de la considération et de la sympathie de tous. Il aurait donc vécu jusqu’à la fin de ses jours dans la tranquillité si la nouvelle de sa fortune extraordinaire n’était parvenue aux oreilles du magicien africain, qui croyait Aladin mort dans le souterrain.

— Il a découvert le secret de la lampe, pensa-t-il.

Et, immédiatement il se mit en route vers la Chine et se livra à de mystérieux calculs pour connaître l’endroit où Aladin conservait la lampe merveilleuse. La magie lui apprit qu’elle était dans le palais même. Il s’informa et sut que le gendre du Sultan était parti à la chasse et ne reviendrait pas avant quatre ou cinq jours. Il acheta une douzaine de lampes de cuivre, les mit dans un panier et alla crier autour du palais d’Aladin :

— Qui veut échanger des vieilles lampes pour des neuves ?

On le prit pour un fou, les enfants couraient après lui… la princesse Bradoulboudour perçut le brouhaha et dit à l’une de ses femmes de descendre aux nouvelles. L’esclave revint en riant.

— C’est un pauvre fou, dit-elle, qui veut échanger de vieilles lampes pour des neuves, tous les enfants du quartier se sont mis après lui.

Un deuxième esclave fit alors remarquer à sa maîtresse qu’il y avait justement sur une corniche du salon une lampe qui paraissait bien vieille et bien usée.

Hélas ! il s’agissait de la lampe merveilleuse qu’Aladin avait placée en cet endroit avant son départ. La princesse qui en ignorait les vertus, ordonna qu’une servante descendit pour en faire l’échange. Le magicien en la voyant, ne douta pas que ce fut la lampe merveilleuse et fit choisir à l’esclave une lampe neuve dans son panier. Dès qu’il fut seul, il la frotta et le génie lui apparut.