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Sartine ; j’offris de déposer la somme de 1,200,000 livres, tant pour les tiers revenant au Roi, en cas de prise du navire, que pour les deux tiers revenans aux équipages capteurs, si le Ministre pouvoit me faire remettre ce navire pour le conduire en Angleterre. M. de Sartine avoit assez de confiance en moi pour croire que je ne lui en imposois pas sur sa juste valeur ; il voulut bien entrer dans mes vues, qui tendoient à m’assurer, comme on voit, un bénéfice de 600,000 liv. sans nuire ni au Roi, ni aux équipages des deux vaisseaux qui étoient à portée de cette prise ; il eut même l’attention de faire écrire aux Capitaines de ces vaisseaux pour les prévenir de mes offres.

Environ quinze jours après, le Ministre reçut la nouvelle de la prise du Westmoreland, faite par le Caton qui l’avoit conduit à Malaga. Il m’en donna avis, me dit de tenir mes fonds prêts à l’Hôpital de Toulon, & qu’ensuite, il me feroit expédier un ordre du Roi, pour que le bâtiment fût relâché, & qu’il joindroit à cet ordre un passe-port, afin de le conduire avec sûreté en Angleterre. Je n’avois pas en caisse cette quantité d’argent : on me fit passer de Londres ce qu’il y manquoit. Dans l’intervalle, M. de Sartine reçue une réponse à la lettre