Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour chercher un abri contre le mauvais temps qui duroit encore, je fus accueilli du plus terrible coup de vent connu de mémoire d’homme, qui porta mon bâtiment à la cote, où il fut brisé. La moitié du monde y périt[1], plus de 60 navires eurent le même sort dans cette nuit malheureuse.

Je fis conduire à Londres, par mon Capitaine, tous les matelots qui me restèrent.

Lorsque nous y fûmes, mon premier soin fut de me procurer un autre bâtiment. J’achetai le King’s town, du port de 10 canons, qui me coûta 2500 livres sterlings. Je donnai avis à M. de Sartine du malheur qui venoit d’arriver, & du nouvel achat que j’avois fait. Il me fit remettre 4000 livres sterlings pour réparer les dommages.

  1. Le navire ayant donné de la proue en terre, y resta immobile ; dix matelots furent jetés dans la mer par le choc, au moment où il naufragea ; 22 autres ayant voulu se fauver dans la chaloupe, elle coula bas, se trouvant trop chargée. Je restai avec le surplus de l’équipage attaché sur la proue du bâtiment jusqu’au lendemain, qu’on put nous donner les secours nécessaires. Il fut brisé peu de temps après que nous l’eûmes quitté ; je perdis 32 hommes et environ 600 livres sterlings que j’avois à bord.