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traitemens. Depuis quelque temps j’avois mis sa fidélité à l’épreuve. Plusieurs fois j’avois voulu l’initier dans mes secrets ; la circonstance me décida. Thomas, lui dis-je, j’ai besoin d’avoir à moi le garde des premiers signaux de la côte ; il faut que tu quittes le bâtiment, & que tu ailles le trouver ; je te donnerai une bonne somme d’argent : tu lui proposeras de vivre avec lui ; s’il y consent, tu te mettras bien au fait des signaux, afin que dans le besoin tu puisses le remplacer. Si c’est un homme foible & pauvre, tu le gagneras ; si c’est le contraire, nous trouverons bien moyen de nous en débarrasser, au moment où il pourra nous nuire. Avec ces instructions, & 30 guinées, il partit.

Deux jours après, il revint à bord me dire que s’étant présenté au garde, comme déserteur d’un bâtiment, & lui ayant demandé de le cacher chez lui, avec promesse de le bien payer, sa propofition avoit été acceptée ; en conséquence, il l’avoit quitté sous le prétexte de venir acheter des habits à Plimouth, pour changer ceux de matelot. Il ajouta que ce garde étoit pauvre, qu’il ne croyoit pas avoir de peine à le corrompre, mais que dans tous les cas, je pouvois compter sur lui, & qu’il m’en débarrasseroit au premier mot. Ce port étant éloigné, on pouvoit y demeurer 12 à