Page:Rivista italiana di numismatica 1891.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

refusés à nous en laisser apercevoir les traces. La couronne présente simplement de face trois fleurons, à l’instar de la couronne ducale des autres quarts. Ces fleurons, sans doute, ont l’apparence des fleurs de lis, mais il ne faudrait pas cependant tirer de là une conclusion trop hâtive. Charles-Emmanuel I n’aurait-il pu se permettre une imitation de ce genre sur ses quarts, pour leur assurer un crédit plus réel, qu’ils auraient emprunté à la vogue de bon aloi, dont jouissait la monnaie de France ? Au reste, n’en déplaise à M. Rabut, Charles-Emmanuel fit quelquefois graver deux c sur sa monnaie basse. Ses lettres du 29 juillet 1597 en fournissent un irréfutable témoignage : Nous avons permis et permettons, dit-il, à Chiaffrey Grobert, maître de monnaie de notre ville de Chambéry, de fabriquer la quantité de 12.000 marcs de pièces de deux quarts, soit demy solds, à la bonté d’un denier, douze grains, deux de remède, et en poids de 180 pièces au marc, dix pièces de remède, chacune d’un denier, et quart d’un grain, lesquelles auront du côté de la pille deux c couronnés, entrelassés d’un las de Savoie et d’une trosseau, la croix blanche timbrée, et pour légende autour carolvs emanvel d. g. dvx sabavdie 1597[1].

L’histoire vient protester, à son tour, et ne tolère pas que notre collection puisse renfermer des piécettes postérieures, non-seulement au règne de Charles-Emmanuel I, mais à l’année 1595. À partir de 1601, on ne rencontre, dans notre histoire locale, aucune époque assez troublée pour rendre probable la remise à la terre d’un dépôt semblable. Dans la supposition même d’un enfouissement secret, opéré au cours des deux derniers siècles, pour des motifs inconnus, la découverte n’aurait dû ramener au jour que des monnaies françaises ; la monnaie de Savoie serait l’exception. C’est précisément l’inverse qui a lieu. Nous reconnaissons volontiers que la force probante de cet argument n’est pas absolue, mais elle a une importance qu’on aurait tort de vouloir dédaigner. Ajoutons que ce type de quart était depuis longtemps oublié, à la régence de Marie-Christine ; la seconde moitié du règne de Charles-Emmanuel I lui-même n’en fournit plus un seul. Notre avis est donc qu’il faut réserver à Charles-Emmanuel I, les quarts en question, malgré les

  1. Duboin, Ibid, p. 1155.