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Qu’on ne s’attende pas à y rencontrer une description complète de la capitale lombarde, ni des pays qu’elle a traversés. De ceux-ci elle n’a gardé que quelques fleurettes desséchées. Sa narration est émaillée de mots italiens, voire même d’inscriptions latines, qu’elle n’a guère comprises, latin et italien sont quelque peu fantaisistes. Cependant, ces documents, quelque informe qu’en soit leur transcription, on ne peut que savoir gré à Marceline de nous les avoir donnés. Elle ne les a pas imaginés. On en retrouve trois, repris dans un ouvrage très savant et très sûr. Elles nous sont donc une garantie de véracité pour l’ensemble du récit.

Comme dans les autres albums de Marceline, on rencontre dans celui-ci, éparses, des citations d’ouvrages qui l’ont frappée. La plus curieuse — je ne dis pas la plus intéressante — est de M. J. Bard ; elle précède son récit. Il semblerait qu’elle lui ait servi de modèle pour l’essai dont elle la fait suivre. Heureusement, Marceline abandonne vite son modèle, pour rester elle-même. Cet album, ou mieux ce fragment d’album ne présente pas l’aspect de ceux qui ont été donnés à la Bibliothèque de Douai par la famille Valmore. Plus de bristol chamois ou bleuté, plus de beau papier de Hollande, plus de reliures romantiques ou d’autres, moins anciennes, en cuir de Russie. Même, le format est différent. C’est un cahier de 128 feuillets, de hauteur moyenne, carré ; le papier en est mince. M. Désiré Dubois, qui le tenait de Marceline, l’a fait recouvrir de chagrin noir[1].

Ce n’est qu’au feuillet 44, que l’on trouve la citation de M. J. Bard et l’essai de Marceline. Deux feuillets plus loin : une Salutation angélique et un Noël en italien. N’est-ce qu’une transcription ? Au feuillet 53 : « À Milan. Une feuille prise à l’arbre montant à la fenêtre de ma chambre. Platane. » Les pages, publiées ici, occupent les feuillets 54 à 83. Une vignette coloriée, au feuillet 108 : « Dôme de Milan. » Au-dessous, une fleurette : « Herbe du dôme de Milan. » Plus loin, une fleur et une grappe de cosses, cytise ou genêt : « Lazaret à Milan. » Encore plus loin, tout à la fin, une image de sainte Anne, grossièrement enluminée : « Milan, 26 juillet, le soir de la Sainte-Anne, avec Ondine et Inès, église San Stephano. »

Il faut borner ici ces lignes nécessaires, et indiquer aux curieux, qui seraient désireux de trouver plus de détails sur Marceline, sa Correspondance intime, et surtout l’ouvrage si documenté de M. Jacques Boulenger[2].

B. RIVIÈRE.
  1. M. Désiré Dubois, économe des Hospices de Douai, avait rendu à Marceline le grand service de la débarrasser de son frère Félix, en le faisant entrer dans l’établissement qu’il dirigeait. Peu de temps avant sa mort, M. Dubois a fait don de cet album à la Bibliothèque de Douai. Il est juste que son nom soit inscrit ici.
  2. Jacques Boulenger : Marceline Desbordes-Valmore d’après ses papiers inédits. Paris, Fayard, 1909.