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Voilà, certes, des raisons suffisantes pour expliquer le succès de la version de Politien pendant presque tout un siècle ; et si nous songeons, de plus, à cette habitude qu’avaient alors tous les auteurs de se copier les uns les autres, nous ne nous étonnerons plus qu’elle ait été reprise si souvent, même après la publication d’un texte complet et correct.


CHAPITRE II.
LES DESTINÉES DE LA VERSION DE POLITIEN.

La version de Politien semble occuper, en effet, toute la première partie du xvie siècle. Aucun effort de traduction sérieux n’apparaît pendant plus de cinquante ans. Cependant Épictète n’était point délaissé. Des éditions nouvelles se succèdent même avec une rapidité qui nous étonne. Il importe de les signaler, puisqu’elles n’eurent pas même le privilège, tout en publiant un texte exact et complet, d’entamer le crédit que l’on accordait alors à la version de Politien. Nous avons déjà noté l’édition de 1528, qui peut être considérée comme l’édition type des Simpliciani Codices. Elle était datée de Venise. Nous en trouvons une seconde toute proche, en 1535, qui contient à la fois le Manuel et les Entretiens en grec. Son auteur, Trincavelli, est un helléniste et médecin distingué. Originaire de la Toscane, d’une famille noble et riche, il commença ses études à Padoue, les acheva à Bologne, et témoigna durant ce temps d’une rare aptitude à la fois pour la médecine et la littérature grecque. Dans la suite, il dut s’appliquer tout particulièrement à la philosophie, puisqu’il occupa, dit-on, une chaire de philosophie et publia des éditions grecques fort estimées, et parmi celles-ci les Commentaires d’Arrien et l’Enchiridion d’Épictète[1], et d’autres ouvrages.

Dans la préface qu’il écrit[2] à Georges de Selve, évêque

  1. Victor Trincavelli, Arriani Epictetus (Venise 1535, in-8).
  2. « Georgio a Selva Vaurensi episcopo, ac christianissimi Gallorum regis ad Senatum venetum, oratori amplissimo, Victor Trincavellus felicitatem. »