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heureuse, & sa température tient au rang qu’elle occupe.

Si on ne lui trouve pas les diminutifs & les mignardises de la Langue Italienne, son allure en est plus mâle : dégagée de tous les protocoles que la bassesse inventa pour la vanité, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes & charme de tous les âges ; & puisqu’il faut le dire, elle est de toutes les langues, la seule qui ait une probité attachée à son génie. Sûre, sociale, raisonnable, ce n’est plus la Langue Française, c’est la Langue humaine. Et voilà pourquoi les Puissances l’ont appelée dans leurs Traités : elle y règne depuis les conférences de Nimègue, & désormais les intérêts des peuples & les volontés des Rois reposeront sur une base plus fixe ; on ne semera plus la guerre dans des paroles de paix.

Aristippe, ayant fait naufrage, aborda à une Isle inconnue ; & voyant des figures de géométrie tracées sur le rivage, il s’écria, que les Dieux ne l’avoient pas conduit chez des Barbares. Quand on arrive chez un peuple, & qu’on y trouve la Langue Française, on peut se croire chez un peuple poli.

Leibnitz cherchoit une Langue universelle,