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MADAME MÉLANIE WALDOR

Et qu’une planche flotte entre vous et la mort,
Donne au cœur qui frémit une haute existence
Et que la vie alors est de peu d’importance
Pour l’âme qui se joue et du monde et du sort.

Au bord de cette mer, que je n’ai jamais vue,
Au milieu de ces rocs dont l’immense étendue
D’abris et de tombeaux ont servi tour à tour,
Dans ces ravins déserts, dans ces grottes de fées,
Où l’on entend, semblable à des voix étouffées,
Le flot contre le flot se briser à l’entour ;

Dans cette pauvre église où Dieu, plus grand encore,
Donne à l’âme la foi de tout ce qu’elle ignore,
Partout enfin, partout, quand vous avez prié,
Ou que votre pensée errait, contemplative,
Sur ces grandes beautés des races primitives,
Que Paris, vu de là, doit vous faire pitié !

Ah ! comme à deux genoux, de frayeur toute pâle,
J’aimerais à prier sur la pierre inégale,
Quand l’orage, éclatant de rocher en rocher
Et d’échos en échos, roulerait sur ma tête,
Au milieu des éclairs, la mort et la tempête,
Sans qu’un pouvoir humain m’y voulût arracher !

La mort, belle et sublime, alors qu’on la défie
Et que, souriant presque à l’âme qui s’y fie,