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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

Courbe à peine l’épi mobile
Qui se relève sous leurs pas ;
Nul obstacle ne les arrête ;
Plus rapide que la tempête,
Leur char les entraîne au combat.

SARA

Or le Seigneur visita Sara.

Pourquoi, dans vos fureurs, vents glacés des montagnes,
Briser la fleur d’hymen mêlée à mes cheveux ?
Ah ! laissez-moi l’offrir à vos jeunes compagnes
Dont les cœurs sont heureux !

Avide d’un espoir qui séduit la jeunesse,
Chacun y saisira l’augure d’un beau jour ;
Les yeux ne verront pas s’effacer la promesse
De leur premier amour.

L’épine est dans la fleur et sa pointe cachée
A seule sous mes doigts osé se découvrir ;
Un éclair de bonheur ne l’a point détachée :
Son dard me fait mourir !

Mes nuit sont sans repos et la voix qui m’est chère
Ne m’a jamais redit les serments du passé ;
Ils sont restés pour moi comme un songe éphémère
Par le temps effacé.