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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

Avaient prêté naguère un asile à son âme,
Jusqu’aux pieds teints de sang d’un ingrat oppresseur
Sa tête vint bondir et sa bouche muette,
       D’un cœur libre noble interprète,
Semblait encor s’ouvrir pour un accent vengeur.

Germanicus, chargé de couronnes de guerre,
Mourut pour expier sa victoire et son nom :
La gloire le suivit… Dans les mains d’un Néron
       Passa le sceptre d’un Tibère.

Méprisant des héros la simple majesté,
Lorsque son froid regard tombe sur leur souffrance
       Dans sa tranquille obscurité,
L’égoïste raison insulte à leur démence.
Aux yeux du monde aveugle inutile flambeau,
La gloire de tout temps trouva l’ignominie.
Comme un sceptre caché sous un brillant manteau,
L’or couvrit les tyrans, et quelque vieux lambeau
       Devint la pourpre du génie.

       Rome ! tes enfants outragés
Déposaient, en bravant une vulgaire injure,
       Cette chaîne des préjugés,
Dont chacun des anneaux laisse une meurtrissure,
Et, jaloux de souffrir leurs sublimes tourments,
Plus grands sous le fardeau de leur noble misère,