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moyens, à la fois de tirer le Sénateur des mains des brigands, et de capturer leurs messagers ; la chose devait se faire à l’insu des deux Préfets, et, plus encore, de Mme Clément de Ris, qui, « si elle s’apercevait que la force armée prenait des mesures, s’arrangerait pour porter les fonds en un autre endroit ». De ce conseil de guerre au petit pied sortit tout un plan de campagne : des gendarmes, déguisés en civils, munis du signalement des ravisseurs, et inconnus des agents venus de Tours, iraient à Blois et seraient postés, les uns à l’Hôtel de la République, où devaient descendre les citoyens porteurs des fonds ; d’autres aux Trois Marchands, « dont l’hôte passait pour un mauvais sujet » ; d’autres dans les maisons voisines ou dans les maisons vis-à-vis ; d’autres enfin au pont et aux portes de la ville. Le commandant Boisard et le chef de bataillon Chevillot les accompagneraient. « Il faut réussir, écrivait Liébert ; sans quoi les mêmes attentats se reproduiront, les brigands se sentant assurés de l’impunité par la certitude que les parents des personnes enlevées se contenteraient toujours de payer et de garder le plus profond silence[1]. » Réussir ? En était-ce le moyen que de lancer contre des gens intéressés à se méfier, attentifs à épier qui les épiait, dans une ville où tous étaient connus de chacun, une armée de gens suspects par cela seul qu’ils n’étaient pas connus ? Aussi bien, pour compromettre le succès, n’était-il pas besoin de la maladresse des militaires ; celle des autorités civiles y suffisait.

Le délai marqué pour le paiement expirait le 10.

  1. Archives historiques du Ministère de la Guerre.