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Ainsi il raconte, sur la foi d’A. de Beauchamp, que, lors de l’enlèvement, un des ravisseurs ayant mis la main sur un coffret d’acajou qu’il soupçonnait renfermer la correspondance révolutionnaire[1] de Clément de Ris, celui-ci l’arrêta : « Le coffret, dit-il, contenait le cœur embaumé de sa fille » ; le brigand (quel sensible brigand !) n’eut pas le courage de passer outre ! Rapprochant ce passage d’une phrase de la duchesse d’Abrantès : « Lorsque Clément de Ris, de retour chez lui, voulut revoir ses papiers, il n’y trouva plus ceux qu’il avait déposés dans un lieu qu’il croyait sûr », Carré de Busserolle conclut que ce lieu sûr était le coffret d’acajou[2]. Il aurait été ouvert et vidé quand on banda les yeux du Sénateur. Mais les yeux du Sénateur, tous les témoignages l’affirment, furent bandés lors du départ de la voiture. Les brigands seraient donc rentrés alors dans les appartements, et personne ne les aurait vus ? Carré de Busserolle ajoute que cette fille de Clément de Ris, « morte en bas âge », se nommait Marie-Thérèse. Or elle s’appelait Clémentine[3], et mourut, âgée de vingt ans, en 1798. Nous ignorons si son cœur avait été embaumé et gardé par Clément de Ris[4]. S’il l’a été, est-il séant de mettre en

  1. Émanant d’un chouan, ce mot impliquerait plutôt qu’il s’agissait de lettres intéressant les royalistes que d’une correspondance de Fouché et de Clément de Ris relative au prétendu complot de Marengo.
  2. Page 122.
  3. Née à Tréguier le 22 novembre 1777. ─ Marie-Thérèse était le nom de la sœur de Clément de Ris, morte à Azay-sur-Cher en 1797.
  4. Nous savons seulement que l’autopsie de la jeune fille avait été faite, le lendemain du décès, par le docteur Veau-Delaunay, de Tours.