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Faut-il un exemple ? Un jour, quelqu’un – son père peut-être – raconte devant lui qu’au cours d’une visite à la propriété du Sénateur, il a vu, sur une pelouse voisine de la maison, une portion de gazon fraîchement remuée. Interrogé, le Sénateur a tristement souri et a répondu : ce sont ces misérables ! De qui, de quoi s’agit-il ? à quelle date ? Un document officiel[1], trouvé dans les papiers de Clément de Ris, va nous l’apprendre. Au mois de mai 1814, des gens aux gages de Clément de Ris, ou habituellement employés chez lui à certains travaux, le fermier Desouches, les jardiniers Bonnet fils et Naudin, informèrent le Préfet de Tours que, peu de jours après l’abdication de l’Empereur et l’entrée du Roi à Paris, un messager avait amené à la propriété de l’ex-sénateur « deux voitures à ce point chargées de malles que les chevaux avaient peine à les traîner » ; à quelque temps de là, divers objets précieux, extraits de ces malles et volés au gouvernement avaient été enfouis dans une cachette creusée sous la pelouse, à trente pas de la terrasse, par le jardinier Bonnet aidé du maçon Demaretz et du charpentier Robin ; l’emplacement avait été ensuite recouvert d’herbes et de feuilles. Une enquête, ouverte alors dans le cabinet du Préfet, avait été

  1. Procès-verbal dressé le 28 décembre 1815 par le commissaire de police de Tours, Jean-Antoine Miquel, des perquisitions et fouilles opérées au château de Beauvais, les 27 et 28 décembre, à effet de retrouver certaines pièces officielles soi-disant dérobées au Gouvernement par Clément de Ris. Ce procès-verbal, qui n’a pas moins de douze pages, offre un grand intérêt, non seulement pour la vie de Clément de Ris, mais pour l’étude du roman de Balzac. Il n’est pas une des circonstances, qui y sont mentionnées, que l’écrivain n’ait mise à contribution dans sa Ténébreuse affaire.