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accusés étaient absous, tous les juges seraient récompensés ; que Delaunay, président, serait nommé Préfet ; Boullet et Baranger seraient nommés juges au Tribunal de cassation, etc. Il osa même avancer que le Général Girardon recevrait des ordres secrets pour les assurer de ces récompenses ; et, pour intéresser le public, il sema le bruit que Mme Bonaparte était parente des accusés... »

Passons sur ces imputations – dont seul le rapport officiel fait mention – et arrivons à des faits plus significatifs, car ils sont de notoriété publique. Au cours des débats, le Président Delaunay convia à dîner les membres du Tribunal. L’invitation, surtout en raison de la composition mixte et du caractère temporaire du Tribunal, n’avait rien d’insolite. On n’en mena pas moins, plus tard, grand bruit autour de ce dîner : c’était une tentative de pression sur l’esprit des juges, un acte de corruption ; on avait voulu leur dicter la sentence. Naturellement, à ce dîner, il fut parlé de l’affaire. De quoi eût-on parlé ? Si l’on en croit Viriot, la majorité des convives étant tombée d’accord sur l’impossibilité de motiver une condamnation, le Président Delaunay insinua qu’un acquittement serait mal vu du gouvernement et dangereux pour ceux qui l’avaient prononcé ; si Gaudin, de Mauduison et de Canchy n’étaient pas positivement coupables, ils n’en avaient pas moins, en qualité d’anciens chouans, mérité cent fois la mort en d’autres circonstances. Il aurait ainsi déterminé les juges à condamner. Viriot, saisi d’indignation, protesta, et, ses efforts restant vains, pris de rage, frappa les tables, prodigua