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Cependant, pendant les vacances qui suivirent Rimbaud vint passer quelques jours chez lui il se conduisait en vrai voyou inconscient et Izambard dut même le ramener à sa mère qui à ce moment sembla connaître déjà les vices que son fils avait. Mais Izambard quitta Charleville pour Douai et là il reçoit (le 5 ou le 6 septembre 1870) une lettre d'Arthur Rimbaud datée de Paris, Mazas ! Que s'était-il passé ? Arthur Rimbaud avait fait quelque temps auparavant à Charleville, la connaissance de Paul Verlaine qui y était de passage, par l'intermédiaire d'un employé aux contributions de Charleville qu'on nommait et surnommait le Père Bretagne : Le Père Bretagne se disait « artiste ». — Il dessinait à ses heures mais sa passion favorite était l'alto. L'alto ! il en jouait partout et sans cesse, principalement aux nuits de débauche — mensuelles, comme les appointements — lorsque toute l'administration allait en chœur au… bordel de la ville.

Alors, grave, comme remplissant un sacerdoce, le père Bretagne marchait en tête, l'alto au menton, l'archet fébrile en main, et menait la bande, semblable aux violoneux des jours de noce.

Mais Verlaine était parti pour Paris et le