Page:Rimbaud - Reliquaire, poésies, Genonceaux, 1891.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même que toute personne à laquelle elle aurait pu les vendre vis-à-vis de moi et de la famille de Rimbaud, en admettant que celui-ci soit mort, ce qui n'était pas vrai il n'y a qu'un an et ne l'est plus que probablement pas.»

N'est-elle pas remarquable, rare surtout, cette sollicitude d'ami pour le poète absent particu- lièrement à notre époque d'égoïsme inquiet et de jalousie envieuse, sinon haineuse, parmi la gent littéraire ?

Vite je m'en fus voir le poète alarmé, non pas cette fois dans sa miraculeuse cour Saint-François, mais plus loin encore, à Mont-Rouge en cet hôpital Broussais tout construit de bois, sur pilotis, pareil aux habitations lacustres. Je lui apportai mes manuscrits ; il les parcourut très joyeux et tout ému, admit volontiers, quoique fort étonné et un peu stupéfait, que ce n'étaient pas ceux qu'il croyait, mais bien d'autres, à lui totalement inconnus pour la plupart des vers et de la prose que cet écervelé d'Arthur Rimbaud ne lui avait jamais communiqués, les ayant écrits, les uns au hasard d'une de leurs brouilles, les autres antérieurement à leur liaison. Une lettre de Paul Verlaine, publiée le 13 octobre 1888, dans la Cravache, à propos de