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LA MER ET LES POISSONS.

Que la pêche, seule industrie naturelle des eaux salées, se modère et se règle sur la nécessité d’épargner une partie des éléments reproducteurs, soit par des alternances annuelles, soit par des réserves temporaires de portions de côte, expressément choisies, soit, enfin, par la suppression des filets traînants, ce qui vaudrait mieux et serait plus facile qu’aucune autre mesure.

Il est incontestable que ce que nous réclamons serait, du moins, quant à présent, plutôt au profit des masses qu’à celui de la réserve maritime et garantirait, par la suite, aussi bien l’intérêt du consommateur que celui du producteur.

C’est d’ailleurs reconnu ; « Mais, nous fait-on observer, à moins de recourir au système prohibitif aboli par le traité de commerce de 1860, la limitation de la faculté de traîner à la voile en deçà des eaux libres, c’est-à-dire dans la zone de nos eaux territoriales, aurait pour conséquence de mettre l’approvisionnement des marchés français à la merci de l’Angleterre. »

Cela pourra arriver effectivement pour ceux de nos marchés qui sont voisins de la Manche, mais il est douteux en ce qui concerne les produits de la pêche, que l’influence du libre-échange se fasse vivement sentir sur nos côtes méridionales de l’Océan ou sur nos côtes de la Méditerranée.

En tout cas, de deux maux le moindre est toujours le plus supportable. On ne saurait hésiter longtemps à se prononcer entre des pratiques abusives qui doivent nous conduire à manquer absolument de poisson et des précautions de prévoyance qui nous gêneraient présentement, mais feraient abonder la denrée dans un avenir prochain.

« Il importe peu, assure M. le docteur Turrel, que les Anglais nous approvisionnent de poisson pendant quatre ou cinq ans, si nous parvenons ensuite à nous passer d’eux, en ra-