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le lys d’eau, c’est le nom qu’ils me donnent. Et en Angleterre je ne serais pas libre comme je le suis !

— Ne seriez-vous pas bien aise d’apprendre ?

— Mais j’apprends ! Papa m’enseigne le français, avec un peu de latin et l’arithmétique.

— Et vous n’avez pas peur de ces sauvages ?

— Pas du tout. Ils croient que je suis Ngai, une espèce de divinité, parce que je suis blanche et blonde. Et puis regardez… — Plongeant la main dans son corsage, elle en tire un petit pistolet à deux coups. — Si quelqu’un me touchait, j’aurais vite fait de le tuer. Une fois j’ai tué un léopard qui avait sauté sur mon âne tandis que je me promenais… Oh ! j’ai eu peur !… Mais j’ai tiré dans son oreille et il est tombé ; sa peau est sur mon lit… Tenez… je vous ai dit que j’avais des amies : en voilà une, la plus belle de toutes, c’est la montagne. »

Le mont Kenia jusqu’alors caché dans le brouillard dévoile au moment même sa partie supérieure, apparaissant comme une vision féerique entre ciel et terre, car on la dirait posée sur des nuages. La solennelle splendeur de ce pic blanc élancé a inspiré aux indigènes de la mis-