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avec l’épiscopat catholique, en 1870, l’infaillibilité de Pierre et de ses successeurs, le nouvel évêque prit de nouveau le chemin de Corée et se disposa à remplir sa difficile mais glorieuse mission. Il fallut, hélas ! plusieurs années pour franchir les barrières qui lui fermaient l’accès de sa patrie d’adoption. Ce fut seulement après avoir couru bien des dangers, renouvelé plusieurs fois des tentatives toujours infructueuses, que Mgr Ridel put enfin mettre de nouveau le pied sur ce sol inhospitalier et prendre possession de cette terre promise où l’attendaient de rudes combats et de cruelles souffrances.

Les vœux de Pie IX étaient remplis, le bon pasteur qu’il avait promis, dont il avait encouragé et béni la périlleuse entreprise[1], était enfin au milieu de son bien-aimé troupeau ; il avait pour le seconder dans les rudes travaux de son périlleux apostolat, quatre missionnaires pleins d’ardeur et de dévouement. Dès le premier jour, Mgr Ridel se mit à l’œuvre. À l’annonce de sa venue, les chrétiens partout dispersés reprirent bientôt courage. À voir leur empressement à recevoir les sacrements, à contempler la ferveur de leur zèle, on eût dit qu’une aurore de paix et de prospérité s’était levée sur l’Église de Corée. Le jour et la nuit ne suffisaient plus à satisfaire le désir qu’avaient les néophytes de voir, d’entendre ceux que Dieu leur avait envoyés pour consoler leurs douleurs, guérir leurs blessures et leur apprendre à bien vivre et à bien mourir.

Rien cependant n’était changé à la situation d’autrefois, les dangers étaient toujours les mêmes, c’étaient toujours les mêmes édits de proscription, toujours la même haine contre le christianisme, toujours les mêmes bourreaux prêts à verser le sang

  1. Avant de faire une nouvelle tentative pour entrer en Corée, Mgr Ridel avait fait part au souverain pontife de son généreux dessein et l’avait prié de daigner bénir son entreprise. En réponse, le cardinal Franchi, alors préfet de la propagande, écrivait à M. le supérieur du séminaire des Missions étrangères : « Dans l’audience du 10 de ce mois (janvier 1875), j’ai eu soin de transmettre à Sa Sainteté ce que Votre Révérence écrivait touchant le dessein de Mgr Ridel, et de ses missionnaires, d’entrer de nouveau en Corée. Sa Sainteté a grandement admiré le zèle et le courage de ces hommes apostoliques. Elle a promis de les recommander au Seigneur, et du fond du cœur elle leur accorde une bénédiction spéciale. »