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lument renoncé à vouloir indiquer à un sensitif ou à un médium comment il doit procéder. Il faut l’abandonner à lui-même, car notre influence, si nous en avons une, serait probablement mauvaise. Un médium puissant est un instrument extrêmement délicat et fragile dont on ne connaît absolument pas les secrets ressorts. On s’expose à le fausser en le maniant d’une main maladroite. Laissons donc en pleine liberté se développer les phénomènes, sans prétendre les guider. C’est probablement une grave erreur que de s’obstiner à éduquer son médium.

Pourquoi cette fatalité ? Il ne me paraît pas du tout qu’on doive en conclure qu’il y a ingérence d’une intelligence étrangère. Car, même sur les enfants et les adolescents normaux, notre puissance de transformation éducative est assez limitée (et d’ailleurs c’est peut-être heureux).

On n’a pas jusqu’à présent été équitable pour les médiums. On les a calomniés, bafoués, vilipendés. On les a traités cyniquement comme des animae viles. Quand leurs facultés étaient en décroissance, on les a laissés s’éteindre dans l’obscurité et le dénuement. Quand on les rétribuait, ç’a été chichement, en leur faisant bien comprendre qu’ils n’étaient que des machines. Il est temps que ces mœurs détestables prennent fin.

Si par hasard on découvrait un grand médium à effets physiques puissants, ou à effets psychiques exceptionnels, au lieu de l’exposer à la curiosité banale des ignorants, des journalistes, des grandes et petites dames qui vont les consulter pour un chien perdu ou un amant infidèle, il faudrait leur assurer très largement le vivre et le couvert, et peut-être un peu davantage, afin que leur médiumnité ne fût pas déshonorée par des divinations de basse qualité. C’est ce que Mad. Bisson a fait pour Marthe Béraud ; lord Dunraven pour Home, E. Imoda pour Linda.

En un mot, il faudrait réserver les médiums à la science, la sévère, généreuse et juste science, au lieu de laisser se prostituer leurs facultés merveilleuses aux crédulités enfantines ou aux sarcasmes impudents.

Mais il faudra en même temps ne pas se départir de la sévérité scientifique, ne pas demander des expériences stupéfiantes, ou des