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du tendon du péronier, si tant est que d’autres personnes que l’illustre physiologiste de Florence puissent les produire, n’ont rien de commun avec les vibrations du bois. Les assertions de M. Schiff avaient été précédées par celles de A. Flint, autre distingué physiologiste, qui, après avoir étudié les sœurs Fox, attribuait aux craquements du genou les raps produits[1].

A ces objections d’ordre expérimental, assez pauvres d’ailleurs, les spirites répondirent mal. Ils eussent dû sans doute, comme il fut fait plus tard, répondre par des expériences, mais ce fut par des théories et par l’essai d’une religion nouvelle.

C’est surtout à M. H. Rivail, docteur en médecine (1803-1869), à peine connu sous ce nom de Rivail, célèbre sous le pseudonyme de Allan Kardec, que fut due cette théorisation du spiritisme[2].

La théorie spirite d’Allan Kardec est assez simple. Il n’y a pas mort pour l’âme. Après la mort, l’âme devient un esprit, qui essaye de se manifester par le moyeu de certains êtres privilégiés, qui sont les médiums, capables de recevoir les ordres et les impulsions des esprits. L’esprit cherche à se réincarner, c’est-à-dire à revivre sous la forme d’un être humain dont il est l’âme. Tous les êtres humains, comme le pensait déjà Pythagore, passent par des phases successives migratoires. Leur périsprit peut, dans certaines circonstances exceptionnelles, se matérialiser. Les esprits connaissent le passé, le présent et l’avenir. Parfois ils se matérialisent, et ont le pouvoir d’agir sur la matière. Nous sommes entourés d’esprits. Au point de vue moral, on doit se laisser guider par les bons esprits, qui nous dirigent vers le bien, et ne pas écouter les mauvais esprits qui nous induisent en erreur.

Il faut admirer sans réserve l’énergie intellectuelle d’Allan Kar-

  1. Flint (A.), On the discovery of the source of the Rochester knockings, and on sounds produced by the movements of joints and tendons. Quarlerly Journ. Psychical Med., New-York, 1869, III, 417-446. — M. Schiff, Comptes rendus de l’Ac. des sciences. 18 avril 1859, — Jobert, Velpeac, Cloquet. Discussion sur le même sujet. Ibid., passim.
  2. Le livre des esprits, Paris, 1857, 1er édit. Le livre des médiums, Paris, 1861, 1re édit. Il y a eu plus de trente éditions de ces livres célèbres. Des traductions en toutes langues ont paru. Allan Kardec fut le fondateur de la Revue spirite qui se continue encore aujourd’hui, et qui est à sa 30e année.