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274 MKTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

ou plusieurs livres grecs. J'ai pu après maiutes recherches, aidé par le hasard plus que par ma perspicacité, grâce à mes amis Courtier et le D r Vlavianos, d'Athènes, trouver le principal livre où Mad. X. . . , avait puisé les longues phrases de grec qu'elle écrivait devant moi. C'est un livre introuvable à Paris (qui existe cependant à la Biblio- thèque Nationale) le Dictionnaire grec-français et français-grec de Bvzantios et Coromélas. Comme c'est un dictionnaire de grec moderne, il n'est jamais en usage dans les classes de nos lycées.

Or Mad. X... a, de mémoire, écrit devant moi une vingtaine de lignes grecques, avec des fautes peu nombreuses (8 p. 100 environ, pour les accents surtout). Les fautes sont celles qu'on doit faire quand on transcrit du grec sans le comprendre. Ainsi au lieu de 5-co).i<j[x.oûç, Mad, X..„ a écrit axoliap.o8ç ; au lieu de 6(Uàouç, Sjjuàouç; au lieu de iuuapoSw, su-rcap 8<p ; au lieu de juxpdv, (juxpau ; toutes fautes qui indiquent nettement que c'est une copie visuelle, et que Mad. X... ne sait pas le grec, puisque elle ne commet ces fautes que par la transcription imparfaite d'une image visuelle.

La reproduction de ces mots fautifs est certainement une repro- duction visuelle défectueuse.

Je suis absolument certain que Mad. X... n'a eu, en écrivant ces lignes, aucun texte sous les yeux. Elle regardait dans le vide, et écrivait comme si elle copiait imparfaitement un texte d'une langue inconnue, dont elle voyait les signes, mais dont elle connaissait à peine le sens. Quoique elle ne les comprît certainement pas, il est remarquable que les phrases ainsi écrites s'appliquaient assez bien aux circonstances. Un soir, au coucher du soleil, Mad. X... écrit en grec une phrase qui se trouve dans le Dictionnaire de Byzantios.

Quand le soleil est à son levant ou à son couchant, l'ombre se pro- jette au loin. La phrase est transcrite sans accents. AvaxeUovio; xxi Suovtoç xou YjAiou t) cxia sxTeiva-cai jxaxpav (il y a une légère erreur,

exTeivotTai pour ixxetvexai).

Il ne reste donc que deux hypothèses : ou l'hypothèse d'une fraude, aidée par une prodigieuse et inouïe mémoire visuelle, ou l'hypothèse d'une cryptesthésie extraordinaire.

On doit toujours supposer la fraude possible. Admettons donc la fraude; sachons accepter les invraisemblances psychologiques qu'elle suppose. Admettons : 1° que Mad. X... a acheté en secret le

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