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LA VIE


Va soulever en vous l’heure qui vient, chantant
Qu’il faut recommencer à s’ennuyer d’autant ;
Vous savez ce que c’est que cette maladie
Noire de l’existence où rien ne remédie ;
Vous savez qu’il n’est pas d’espoirs, pas de regrets
Qui puissent amener cet imprévu : qu’après
Ne soit pas tel qu’avant, tous deux aussi moroses ;
Vous savez que les faits, les êtres et les choses
Sont vieux ; même n’étant pas encore arrivés ;
Vous savez ce que c’est que vivre, et vous vivez !


*


Ainsi, sur le déclin des âges,
L’homme en proie aux sombres présages,
Morne comme un aigle au perchoir,
N’espérant plus rien qui l’étonne,
Au fond de l’ennui monotone
Se laisse choir.

Aussi loin que va sa pensée
Elle s’est partout élancée
Loin du sol aux senteurs dégoût ;