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la mer


Il en pleut des cris funèbres,
Des plaintes, des hurlements,
Du tonnerre et des ténèbres
Au chaos des éléments ;

Et dans cette ombre inconnue
On ne voit plus que les flots
Dont la horde continue
Ses effroyables galops ;

Et dans la clameur compacte
Au fracas tonitruant
Que fait cette cataracte
Sur soi-même se ruant,

On entend les vieilles gueuses
Voler comme des oiseaux
En sarabandes fougueuses
Où cliquètent tous leurs os,

Cependant que la tempête
Pour animer ces démons
Leur souffle dans sa trompette
Tout le vent de ses poumons.