Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
la mer

XVI

LES TROIS MATELOTS DE GROIX


Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions trois mat’-lo-ots de Groix,
Mon tra-dé-ri tra trou lon la,
Mon tra-dé-ri tra lan lai-ai-aire.

L’avez-vous oublié ? Moi, je l’ai retenu,
Ce vieil air de marin, chef-d’œuvre d’inconnu,
Où du peuple et des flots l’âme obscure s’exprime.
Quelques couplets, naïfs de sens, veules de rime.
Sur cinq notes, pas plus, cinq, mi, ré, do, si, la,
Avec tradéri tra, lanlaire et troulonla,
C’est tout ! Mais là-dedans, la mer entière y passe,
Le cri des naufragés, l’haleine de l’espace,
Les gaîtés de ce dur métier et ses effrois.
C’est la complainte des trois matelots de Groix.