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la mer

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LES POUILLARDS


Où ça couche ? Le plus souvent
N’importe où. Quand le froid les traque,
Avec le suroit arrivant,
Ça couche dans une baraque
À l’abandon, qui se détraque,
Dont le toit bâille en se crevant
Sous l’averse, et dont le mur craque
À toutes les gifles du vent.

Ils s’entassent là pêle-mêle,
Comme un nœud de vers embrouillés,
Jeunes et vieux, mâle et femelle,
Haleurs, mendigots et mouliers.
Tous transis, grelottants, mouillés,
Les bras croisés sous la mamelle.
Et parfois, quoique sans souliers,
Forcés de battre la semelle.