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les gas


Pâle bougre plein de calus,
Trop malingre pour les chaluts,

Le père à vingt ans s’enrôlait
Sur un follier du Pollet.

Depuis, il traîne là-dedans
L’âpre misère à grince-dents.

Ah ! pauvres gens ! filles, garçons,
Au profil triste de poissons,

Vieillards dont l’éternelle faim
Dans la mort seule aura sa fin,

Haleurs, hotteuses, folliers,
Par le sort toujours spoliés,

Hélas ! hélas ! les malheureux,
Il n’est qu’un bon moment pour eux :

L’heure où, sous l’ombre ensevelis,
Ils se pâment au creux des lits,

Ravis dans un oubli profond,
Sans penser aux enfants qu’ils font.