Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tance effective, alors l’abbé Gaulin préférait voir ces derniers rester sur leurs terres, avec les Anglais qui font tout en leur pouvoir pour les empêcher de partir[1]. »

Autant, comme nous le montrerons plus loin, le gouvernement français désirait que les Acadiens prissent avantage du traité d’Utrecht pour se transporter en territoire français, autant les autorités de Port-Royal y mettaient d’opposition. Les négociations, entre le gouverneur de Louisbourg et les Acadiens, ayant été reprises, et des terres sur l’Ile Saint-Jean ayant été offertes, ceux-ci s’apprêtèrent à partir. Mais Vetch entrava leur dessein, sous le prétexte fallacieux qu’il n’était qu’en sous-ordre à Annapolis et qu’il appartenait au gouverneur en titre de leur accorder l’autorisation qu’ils sollicitaient. Or le temps s’écoulait. Nicholson ne fut de retour en Acadie qu’à l’été de 1714, quand l’année de grâce accordée aux Acadiens pour aller se fixer ailleurs venait justement d’expirer. Voici des documents qui jettent un jour singulier sur la conduite des Anglais en cette affaire. Ce sont des lettres du major L’Hermitte, second

  1. Le Comte de Pontchartrain écrivit plusieurs lettres officielles à l’abbé Gaulin pour l’engager à user de tout son prestige personnel afin de déterminer les Acadiens à s’établir à l’Île Royale. V. Dépêches et ordres du Roi regardant les colonies. Série B. vol. 35. Mars 20, 1713, fol. 11. — Mars 29, fol.  32 1/2. 8 avril, fol. 36. 1 juin, Versailles, fol.  45 1/2. et bien d’autres. L’extrait que nous venons de citer est tiré d’une lettre de Costebelle au ministre, en novembre 1713, où le gouverneur rendait compte de l’échec de sa mission auprès de l’abbé Gaulin. Le ministre lui répliqua : « Il est possible que les missionnaires en Acadie ne fassent rien pour induire les Acadiens à se porter en l’Île Royale, mais l’important est que les Acadiens quittent l’Acadie. » Voir Dépêches, etc., Série B, vol. 36. Lettre du Ministre à Costebelle en date du 22 mars 1714. fol. 434 1/2. Il y est dit aussi que c’est l’intention du Roi de ne pas concéder de terres sous forme de seigneuries en l’Île Royale. — Cf. Murdoch, vol. I, p. 338.