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Sophie, ou

Tout eſt chimere.
Un amant ne voit le bonheur
Qu’avec l’objet qui ſait lui plaire ;
L’amour &c.

Celicour vivement.

Vous exprimez mes ſentimens, vous peignez ma ſituation.

Clairville.

Achevez de me la faire connoître ; je vois déja que peu ſenſible aux charmes d’Henriette, une autre a touché votre cœur ; mais pourquoi vous taire ? pourquoi laiſſer avancer une affaire qu’à préſent il fera difficile de rompre ?

Celicour.

Libre encore, lorſque mon oncle me propoſa le mariage, rien ne m’engageoit à le refuſer ; je vis Henriette, elle n’eſt pas faite pour inſpirer de la repugnance, je l’aurois aimée ſans doute ; mais une autre vint s’offrir à mes yeux, & m’apprit à connoître un ſentiment dont juſqu’alors je n’avois eu qu’une foible idée ; ah ! comment ſe défendre quand on aime Sophie ?

Clairville ſurpris & troublé.

Sophie !… Comment ?… Quoi ?… De quelle Sophie parlez-vous ?

Celicour, avec feu.

De celle qui a habite cette maiſon, de l’aimable pupile de votre pere ; vous êtes ſurpris ?