G.-L. DUPRAT. CONTRE L’tKTELLECTUAUSME EN PSYCHOLOGIE 87 i de la théorie dite « de l’origine périphérique » de ce processus, un phénomène de motricité ; et cette motricité spéciale qui aboutit à une adaptation plus complète de l’être entier ou de quelqu’une de ses fonctions à certaine fin, est dans le prolongement direct de la coordination des réftexes et de la mise en harmonie spontanée des appétitions élémentaires. L’attention est la conséquence de cette « causalité du besoin (sans que le besoin soit nécessairement conscient et sans qu’il soit le désir d’une fin représentée) qui assure la finalité psycho-physiologique au premier stade de l’organisation vitale. Ce n’est donc pas sans raison que dans une thèse récente, M. Lagerborg a fait le rapprochement des théories «physiologiques a de l’attention et de celles de l’émotion (Das 6’e/M/<~p)’o~eM !, Leipzig, Barth, 1905). Le processus primitif d’attention est celui de l’émotion en quelque sorte « canalisée », systématisée. Il est d’une importance capitale pour la psycho-genèse, car il permet à des appétitions mieux coordonnées d’établir leur suprématie sur une multitude d’autres encore en conflit, de devenir des tendances dominatrices, appelées à tort parfois des « idées a directrices de l’organisation vitale.
I ! est généralement admis que les organes des sens proviennent d’une différenciation progressive du tégument et de l’appareil neuromusculaire. Si les nerfs sensoriels ont chacun des aptitudes particulières comme on le prétend parfois, si des régions corticales ou sous-corticales sont particulièrement aptes à réagir à des excitations spéciales pour chacune d’elles, on ne conteste guère cependant que la spécificité ou la spécialisation ne soit due à une division du travail d’adaptation croissante. Or les premiers organes tactiles se confondent avec des organes de la motricité. Ce n’est donc rien avancer qui ne soit très probable que de considérer les premières sensations dans la série animale comme des modifications psychiques analogues à ce que nous avons appelé plus haut des « images kinesthésiques o et déterminant par conséquent des aptitudes (en vertu de la loi d’habitude) d’un point déterminé de l’organisme à réagir de la même façon à des modifications analogues. Grâce à la coordination des réflexes, à l’attention naissante, certaines modifications périphériques, avec les réactions correspondantes, ont dû prévaloir sur d’autres, et il s’est produit une sélection, dans la multitude des réflexes, en faveur de ceux qui ont t amené le développement d’organes spéciaux. Ainsi l’être vivant a cessé d’être simplement ému par ses propres mouvements ; les plus 1. Dans l’expression « idées fixes on trouve la même impropriété.
