Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 62.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

G.-L. DUPRAT. CONTRE L’INTELLECTUALIS)IE EN PSYCHOLOGIE 83 fait la nature propre de l’appétition, ce qui la constitue essentiellement, c’est l’habitude engendrée par une activité antérieure, c’est l’aptitude à agir de la même façon, c’est l’état psychique déterminé par cette aptitude motrice, qui, combattue par d’autres, ne parvient pas sur-le-champ à son plein effet. On parle parfois en psychologie d’ « images » kinesthésiques nous ne saurions admettre que ces images soient conçues comme des utStOHS de mouvements ; mais le terme est commode pour désigner les modifications mentales résultant des mouvements effectués et capables de servir de substituts psychiques à ces modifications biologiques. L’appétition nous paraît supposer seulement des « images H kinesthésiques, des « résidus moteurs a de la motricité antérieure. Et ces « images », avec les appétitions qu’elles permettent de constituer, nous paraissent pouvoir se réaliser en tout centre nerveux, en tout élément vivant susceptible de mouvement spontané. De sorte que, dans les êtres les mieux doués au point de vue psychique, nous concevons l’activité mentale comme manifeste dans tout l’organisme, loin de la confiner dans quelques régions corticales ; et ainsi nous répondons aux exigences de « l’automatisme psychologique’ » si nettement constaté par ceux qui ont étudié les questions de psychopathologie. On ne voit pas comment le « polypsychisme x serait concevable s’il fallait localiser en chaque centre nerveux des sensations, des représentations, des phénomènes intellectuels, qui manifestement demandent le concours d’organes complexes. La monade qui a la représentation du monde entier, à son point de vue, est un produit génial de l’imagination métaphysique, mais ne correspond à aucune constatation psychologique. D’ailleurs, la sensation, la représentation objective n’est qu’un mode passager de l’activité mentale ; toujours en voie de devenir, elle ne dure pas ; l’appétition est une manière d’être qui peut persister identique à elle-même, qui se prête par conséquent à la continuité de l’existence psychique. La permanence d’une appétition, explicable par la loi d’habitude, rend raison de l’apparente inertie des éléments les plus simples et de l’uniformité d’action ou de réaction des vivants inférieurs, des cellules, des organes soustraits a une influence perturbatrice.

La persistance de l’appétition entraîne l’uniformité des actes réflexes, soit que des éléments homogènes réagissent simultanément de la même façon à tout ce qui contrarie leur appétition, soit que des réactions différentes aient dû se mettre en harmonie, non 1. Cf. P. Janet, ~’aM<o~e !<M !? !e psychologique. Paris, Alcan, -1889. Voir la théorie /b ?!~< !me ;t<H<e de Durand de Gros.