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tions de mouvement, c’est-à-dire d’énergie déployée, sont radicalement opposées aux autres sensations (purement passives). Si les uns et les autres sont des sensations, comment se peut-il qu’elles diffèrent ainsi ? Cela n’est pas expliqué.

W. James. La perception de l’espace. (Fin.) L’auteur aborde l’espace visuel. Il critique la théorie de Berkeley sur la troisième dimension qui serait acquise. Examen des deux théories courantes sur la perception rétinienne : la théorie des points identiques et la théorie de la projection. Critique de l’une et de l’autre qui sont insuffisantes. Il étudie longuement la question des illusions optiques et les explications que Helmholtz et Wundt en ont données : 1o les phénomènes de contraste où l’auteur adopte l’explication physiologique de Hering au lieu de la théorie psychologique de Helmholtz ; 2o les images doubles ; 3o les mages consécutives. Il donne un résumé général de sa théorie et termine par un historique du sujet consacré aux deux Mill, à Bain, Spencer, à la théorie kantienne, à Herbart, Lotze, Wundt, Helmholtz et Lipps. Sa thèse, qu’il appelle « sensationaliste », s’appuie surtout sur les travaux de Hering, Volkmann, Stumpf, Leconte et Schön.

Maudsley. Les conditions physiques de la conscience. La conscience est un fait ultime qui ne peut être défini ; il faut seulement chercher dans quelles conditions elle se produit, varie et disparaît. La condition de son origine, c’est la discrimination. La conscience n’est donc pas un événement simple, mais double. Elle est le concomitant nécessaire de la consolidation d’activité simultanée ou à succession rapide : elle est une addition. En quoi consiste cette addition ? En la réflexion d’un groupe nerveux sur un autre groupe de manière à constituer un nouvel état : cette « réflexion » est objectivement ce que la conscience est subjectivement. Pour qu’il y ait conscience, il faut qu’il y ait en jeu plusieurs activités qui semblent concourantes. Comment cela est-il possible pour les sensations simples ? Parce qu’elles ne sont simples qu’en apparence, mais en réalité composées. L’auteur examine les cas morbides et termine par une critique de la thèse de Herzen sur la loi physique de la conscience.

Rigg. La place de l’hypothèse dans la science expérimentale. Article où l’auteur se propose d’établir : 1o que l’hypothèse est le principal instrument de découverte dans les sciences expérimentales ; 2o que l’hypothèse est fondée sur l’analogie ; 3o que les hypothèses scientifiques ne sont pas vérifiables par l’expérience.

Bain. Sur les sensations indifférentes. Dans cette question très controversée, l’auteur est pour l’affirmative : il n’y a peut-être pas d’état de conscience absolument dénué de plaisir ou de peine à un degré infinitésimal ; mais la psychologie ne peut considérer des minima ni des quantités infinitésimales. Il admet un « genre neutre » : il y a des excitations qui ne sont pas agréables ni désagréables non plus, quoique aptes à le devenir, par exemple le bruit d’une grande ville.