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ANALYSES.o. de sanderval. De l’absolu.

véritable métaphysique scolastique à la place de la caricature grossière qu’en ont faite la plupart des historiens de la philosophie. Cette brochure peut et doit rendre de véritables services.

G. F.

Olivier de Sanderval.De l’absolu. — La loi de vie, in-8o, XIX— 211 p.. Paris, Alcan, 1887.

Voici un livre où sans table des matières, sans titres de chapitres, sans titres courants, l’auteur nous impose la tâche de le suivre dans les efforts qu’il fait pour découvrir l’absolu, et cela pendant plus de deux cents pages. M. de Sanderval, qui a vaillamment exploré l’Afrique de l’Atlantique au Niger par le Foutah-Djallon[1], est habitué à se reconnaître dans les contrées les plus abruptes et les plus inexplorées. Il aurait dû avoir pitié de notre inexpérience et planter quelques jalons sur les contrées métaphysiques où il nous engage à sa suite. Il n’y a sans doute ni panthères ni lions, mais il y a bien des précipices et bien des fondrières. Aussi que M. de Sanderval ne s’en prenne qu’à lui-même si nous n’avons pas très bien saisi la suite de ses idées, ni parfaitement compris toute la portée de son travail. Voici la pensée mère qui s’en est dégagée après une lecture attentive. Pour les détails, le lecteur voudra bien se rapporter au livre lui-même.

Pour M. de Sanderval comme pour Hegel, l’absolu n’est pas, il devient. L’absolu se confond avec la loi de développement des choses, avec la loi de vie. Au commencement l’absolu n’était rien, il finira par absorber en lui la totalité de l’être. Les êtres prennent naissance au sein de l’absolu selon la loi de vie. Le premier état de l’absolu est la matière informe, dans laquelle apparaissent d’abord les états physiques, lumière, électricité, chaleur, etc. M. de Sanderval n’a pas pu les mesurer tous, mais il fixe la température de l’absolu à — 273⁰. Cette matière s’individualise peu à peu et prend les caractères chimiques, puis les végétaux apparaissent, ensuite les animaux, enfin l’homme. D’autres êtres plus parfaits que l’homme viendront dans la suite, de plus en plus individuels et de moins en moins nombreux, jusqu’à ce que se forme l’absolu individuel et définitif, si jamais il doit se former, ce dont M. de Sanderval n’a pas l’air bien sûr. Ainsi de l’absolu Rien la loi de vie tire l’absolu Tout et l’absolu Tout était contenu dans l’absolu Rien, et la loi de vie qui tire l’absolu Tout de l’absolu Rien est identique elle-même à ces deux absolus. Voilà bien résumé et bien écourté ce que nous avons compris ( ?) dans le livre dont nous parlons.

En cas d’avoir donné de la pensée de l’auteur une interprétation inexacte nous allons lui laisser un moment la parole : « L’absolu est le seul principe de toutes choses ; il se transforme — d’une seule manière — en mouvement ; ce mouvement est le relatif, il est continu et, en somme, toujours dans un même sens que nous avons appelé.

  1. C’est le titre même du carnet de son exploration, in-8o. Paris, Ducrocq, 1882.