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à l’argile, il faut comparer le noyau au potier qui la façonne. Le noyau résume en lui toutes les propriétés physiologiques dont l’ensemble constitue la vie.

Il est intéressant de remarquer quel accord parfait règne entre ces faits nouvellement découverts et ceux qui sont relatifs à la fécondation. La fécondation consiste dans la fusion de deux noyaux, dont l’un provient du père et l’autre de la mère. C’est donc par l’intermédiaire du noyau que sont transmis à l’embryon toutes les facultés, toutes les propriétés des parents, la forme de leur corps de même que leurs facultés morales ; il faut donc que toutes ces propriétés se trouvent, comme nous l’avons dit, résumées dans le noyau, pour qu’elles puissent passer dans l’embryon.

Il faut remarquer encore que l’embryon tient de la mère quelque chose de plus que son noyau ; tandis qu’il se rattache au père par la il tête du spermatozoïde, qui a la valeur morphologique d’un noyau, reçoit de la mère non seulement le noyau femelle (vésicule germinative), mais encore le plasma vitellin de l’ovule ; or, comme l’embryon ne présente pas une ressemblance morphologique plus grande avec sa mère qu’avec son père, on peut en conclure que le protoplasma vitellin qu’il hérite de sa mère n’exerce aucune influence plastique sur le développement de son corps.

Ce ne sont pas là les seuls faits dont nous désirons montrer la connexion avec les résultats des expériences sur la fonction du noyau. Il importe d’indiquer ici comment se fait la reproduction chez les micro-organismes qui possèdent, outre leur noyau, d’autres organes différenciés. Le mode le mieux connu et peut-être le plus général de reproduction est la fissiparité, qui consiste dans une division du corps tout entier en deux parties égales. Si l’on suit exactement la marche de ce phénomène chez un être quelconque, par exemple chez un Flagellé, on remarque que la division débute par une multiplication des principaux organes du corps. Le noyau commence par s’allonger et se place perpendiculairement au plan de division. Le premier organe qui se multiplie est le flagellum ; il ne se fend pas en deux, comme l’ont cru quelques auteurs anglais ; d’après les observations de Bütschli et de Klebs, il se forme un second flagellum de toutes pièces. La tache pigmentaire ne se dédouble pas davantage ; l’œil ancien reste affecté à l’une des moitiés, tandis que l’autre moitié acquiert un œil nouveau, formé de toutes pièces ; il en est de même de la bouche et de l’œsophage. Il n’y a que deux éléments qui se multiplient par division : ce sont les chromatophores et le noyau ; or, si l’on remarque que les chromatophores contiennent un corps, le pyrénoïde, qui offre la plus grande analogie de composition chimique