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BINET.vie psychique des micro-organismes

vu que les Micro-organismes sont l’équivalent d’une cellule simple, composée, suivant le schéma classique, d’un protoplasma, d’un noyau cellulaire et d’une membrane d’enveloppe.

Chacun de ces éléments a une importance particulière dans les phénomènes vitaux de ces êtres. Depuis longtemps, on a attribué au protoplasma le mouvement, la sensibilité et la préhension des aliments. Cette attribution provenait d’observations directes ; on voyait, en regardant par exemple une Amibe, que son protoplasma subit des changements de forme et émet des pseudopodes qui ont pour but, soit de déplacer l’animal, soit de saisir les aliments. Le protoplasma paraissait donc être le seul agent de tous ces phénomènes. De même les cils vibratiles des Ciliés, qui sont des organes de mouvement, de préhension et de tact, les suçoirs des Acinétiniens, qui sont des organes spéciaux de préhension, ne sont autre chose que des expansions extérieures du protoplasma.

En ce qui concerne la membrane d’enveloppe, elle ne peut remplir aucune fonction psychique, par cette double raison qu’elle constitue un produit de sécrétion du protoplasma et qu’elle fait défaut chez beaucoup de Protozoaires, et même chez des animalcules assez élevés en organisation, comme certains infusoires, qui, malgré leur nudité, n’en présentent pas moins des phénomènes psychiques aussi complexes que les Infusoires garnis d’une cuticule. Le rôle du noyau ne se révèle pas aussi facilement à l’observation directe, dans les conditions ordinaires de la vie, il n’exécute aucun mouvement ; il reste immobile au centre du corps de l’animal, entouré de toutes parts par le protoplasma ; il n’est donc pas, comme ce dernier, en contact direct avec le monde extérieur.

Les premiers faits qui ont permis de soupçonner l’importance du noyau sont relatifs à la division des cellules ; quand une cellule se partage, le noyau entre en action, il présente certains mouvements, et il parcourt des stades compliqués auxquels on a donné le nom de karyokinèse.

Mais ces phénomènes très complexes montrent seulement l’importance du noyau comme élément histologique ; ils ne permettent pas de connaître le rôle physiologique du noyau dans la cellule.

D’autres faits d’observation laissèrent entrevoir aux naturalistes quels sont les phénomènes qui sont soumis à l’action du noyau. En 1881, M. Balbiani signala des individus appartenant à l’espèce Paramæcium aurelia qui étaient dépourvus de noyau, et qui cependant avaient la faculté de se mouvoir comme des individus ordinaires : d’où il concluait que les noyaux étaient sans influence sur les phénomènes de la vie individuelle. Peu après, Gruber observa de petits