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duire des courants de diffusion entre le tube et le liquide du verre de montre, et l’on voit, quand la substance essayée est convenable, les spermatozoïdes suivre ces courants de diffusion et pénétrer dans le tube.

La substance qui exerce l’attraction varie suivant les végétaux. L’auteur a commencé par expérimenter sur les spermatozoïdes de certaines Fougères (Adiantum cuneatum). Après un grand nombre d’essais infructueux, une seule et unique substance s’est montrée active : c’est une solution d’acide malique ou d’un malate. Il est donc à supposer que dans la nature c’est l’acide malique qui doit servir d’excitation chimique aux spermatozoïdes des Fougères et les diriger vers la cellule femelle.

Voici donc, suivant la supposition de Pfeffer, comment les choses se passeraient dans la nature. La spore d’une Fougère, tombant sur un sol humide, germe et donne naissance à une lame verte, cordiforme, le prothalle, sur lequel se développent des organes mâles ou anthéridies et des organes femelles ou archégones. De l’anthéridie sortent à un certain moment des cellules très allongées, enroulées en spirale et très mobiles : ce sont les spermatozoides. Ils sont munis de cils vibratiles à l’aide desquels ils peuvent aller à la recherche de la cellule femelle. Au même moment, l’organe femelle, l’archégone, s’ouvre et émet une substance mucilagineuse qui doit contenir de l’acide malique ou un malate, car ces corps sont la substance excitatrice spécifique des spermatozoïdes des Fougères. Grâce à une goutte de rosée qui tombe sur le prothalle, les spermatozoïdes nagent et se rapprochent de l’ovule femelle, qui les attire en agissant sur eux par l’acide malique.

Ce qui confirme cette hypothèse, c’est d’abord que toutes les substances essayées sont restées, à l’exception de l’acide malique et des malates, complètement inactives ; autre preuve : on trouve de l’acide malique dans les décoctions de prothalle de Pteris serrulata et d’Adiantum capillus veneris ; autre preuve encore : l’acide malique est très répandu dans le règne végétal.

L’auteur a ensuite fait une série de recherches des plus curieuses sur le degré de concentration nécessaire pour attirer les spermatozoïdes. La limite inférieure à laquelle l’attraction commence est fournie par une solution à un millième d’acide malique. C’est ce que l’auteur a désigné par le mot favori des Allemands : Reizschwelle, c’est-à-dire le seuil de l’excitation.

Lorsque le verre de montre contient une solution à un millième, pour que les spermatozoïdes passent du verre de montre dans le tube, il faut que la solution contenue dans le tube soit trente fois plus forte,