Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/603

Cette page n’a pas encore été corrigée
599
BINET.vie psychique des micro-organismes

zoospores se conjuguent, après avoir présenté la série de modifications que retrace la figure quand la fusion est complète, la cellule femelle perd son filament fixateur, et la petite zygote, résultat de cette fusion, devient libre.

[Image à insérer]

Fig. 11. — Reproduction sexuelle de l’Ectocarpus siliculosus. Stades successifs de la copulation de la zoospore femelle avec une des zoospores mâles.

Lorsque la zoospore mâle doit parcourir un long chemin pour atteindre la zoospore femelle, on a supposé que cette dernière sécrète une substance qui sert à la cellule mâle d’excitant chimique et qui lui trace la direction à suivre. Cette hypothèse est assez vraisemblable ; elle a été émise par Strasburger, qui avait constaté que les spermatozoïdes du Marchantia polymorpha sont attirés par la substance qui sort de l’archégone. Il suffit d’ailleurs d’assister à une expérience de fécondation artificielle d’œufs de poisson pour arriver à la même idée. La semence introduite dans le liquide ne se répand pas partout d’une façon homogène ; on voit les spermatozoïdes tourbillonner en grandes masses autour des œufs ; il faut même supposer qu’il y a quelque excitation d’une nature inconnue qui attire le spermatozoïde vers le micropyle ; car cette petite ouverture, qui présente à peine le diamètre de la tête d’un spermatozoïde, est le seul orifice par lequel cet élément puisse entrer dans l’œuf pour le féconder.

Ces vues de l’esprit ont été confirmées dernièrement par des expériences très curieuses de M. Pfeffer, professeur à l’Université de Tübingen, sur les mouvements des spermatozoïdes[1]. Ces recherches ont porté principalement sur les spermatozoïdes des Cryptogames ; M. Peffer a reconnu que certaines substances chimiques ont la propriété de les attirer.

Voici la façon de procéder : On place une solution de la substance à essayer dans de petits tubes capillaires dont la lumière a de cinq à sept centièmes de millimètre de large ; ces tubes capillaires trempent dans le liquide d’un petit verre de montre où l’on a placé de nombreux spermatozoïdes. Dans ces conditions, il ne tarde pas à se pro-

  1. Pfeffer, Untersuchungen aus dem botanischem Institut zu Tübingen, 1er vol., Leipzig, 1884, p. 363.