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de vue de la psychologie, la fécondation animale et la fécondation végétale.

La fécondation, chez les métazoaires, peut être subdivisée en deux actes bien distincts ; le premier, le plus apparent, consiste dans le rapprochement des deux individus ; nous n’avons pas à en parler ici ; c’est un phénomène qui sort du cadre de nos études. Le second, plus intime, consiste dans les phénomènes qui se passent, après la copulation, entre le spermatozoïde et l’ovule.

Il existe un grand nombre de raisons pour faire entrer les éléments générateurs dans une étude générale sur les Micro-organismes.

Tout d’abord il faut noter que ces deux éléments sont représentés par une cellule unique chez les animaux.

L’ovule se présente sous l’aspect d’une petite sphère microscopique, entourée d’une enveloppe (membrane vitelline), formée d’une masse de protoplasma granuleux (vitellus) contenant un noyau (vésicule germinative) et un ou plusieurs nucléoles (tache germinative). Les spermatozoïdes ont, chez les vertébrés, un aspect bien différent : ce sont des filaments plus ou moins longs, munis d’une partie renflée, la tête, et d’une partie effilée, la queue.

La ressemblance des spermatozoïdes avec les Protistes les fit considérer au début comme des animalcules vivant en parasites dans la liqueur spermatique. Ehrenberg les plaça parmi les Infusoires polygastriques. Kœlliker et Lallemand sont les premiers qui repoussèrent ces idées, et considérèrent les spermatozoïdes comme des particules élémentaires des tissus vivants ayant la valeur morphologique d’une cellule. On les compare aujourd’hui à des éléments cellulaires libres, comme le sont les globules du sang.

Quelle que soit leur forme, les éléments sexuels vivent comme de petits organismes indépendants de l’individu dont ils dérivent. Le fait est frappant en particulier pour l’élément mâle, le spermatozoïde, qui conserve sa vitalité un certain temps après son expulsion. Ce temps varie selon les espèces. Tandis que chez la truite, les spermatozoïdes expulsés de l’animal perdent dans l’eau leurs mouvements au bout de quelques secondes, ceux de l’abeille, dans le réservoir séminal de la femelle, continuent à vivre pendant plusieurs années. Les éléments séminaux des mammifères demeurent pendant assez longtemps dans les voies génitales de la femelle. M. Balbiani a trouvé des spermatozoïdes vivants dans les trompes d’une lapine vingt heures après le coït. Ed. van Beneden, Benecke, Eimer, Fries ont vu que le sperme conserve ses propriétés dans l’utérus des chauves-souris pendant plusieurs mois.