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BINET.vie psychique des micro-organismes

phénomènes sexuels, la cause qui les met en jeu. Bütschli pense avec raison que la conjugaison dépend de causes internes ; elle se produit en effet à la suite de périodes très actives de division spontanée, comme M. Balbiani l’a montré. Si l’on songe que la conjugaison a pour but le remplacement de l’ancien noyau, qui est devenu un élément usé et vieilli, on peut supposer avec quelque vraisemblance que l’état physiologique du noyau constitue l’excitant sexuel qui détermine les Infusoires à s’accoupler.

Quoi qu’il en soit, une curieuse observation faite sur le Paramcium aurelia nous a fait connaître une des conditions anatomiques de l’instinct sexuel chez cet Infusoire. Depuis longtemps J. Müller avait constaté dans le noyau et même dans le nucléole des Paramécies des filaments qui avaient l’apparence de spermatozoïdes. Ces observations se sont multipliées depuis, et l’on sait maintenant que ces filaments sont des Schizomycètes, des Bacilles parasites qui s’introduisent dans le noyau et le nucléole et se multiplient suivant leur mode ordinaire de segmentation, par désarticulation. M. Balbiani a établi d’une façon définitive la nature de ces filaments par des faits morphologiques et micro-chimiques ; il a vu entre autres que ces filaments ne se dissolvent pas dans les solutions alcalines concentrées. On sait que les Bactéries présentent ce caractère particulier d’opposer une grande résistance aux agents destructeurs.

Ces parasites déterminent dans le noyau qu’ils ont envahi, un état pathologique qui a pour résultat de détruire chez l’Infusoire les manifestations de l’instinct sexuel : l’animal ne s’accouple plus. On trouve, au milieu d’une foule d’animaux de la même espèce qui sont accouplés, des individus isolés, qui présentent un noyau et un nucléole absolument remplis de Bactéries ; quelquefois, ces organes subissent une dilatation énorme, le noyau est réduit à une membrane d’enveloppe qui, comme une vaste poche, est pleine de parasites. L’animal continue à vivre, mais il ne cherche plus à s’accoupler.

VII

Nous n’avons pas l’intention de faire une étude complète de la fécondation chez les animaux et les végétaux supérieurs ; il n’y a dans ce phénomène qu’un seul point qui puisse rentrer dans une étude générale sur les Micro-organismes c’est l’histoire des éléments sexuels, de leur forme, de leurs mouvements et enfin de leur conjugaison.

Nous décrirons successivement, en nous plaçant surtout au point