Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 24.djvu/591

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
587
BINET.vie psychique des micro-organismes

trompette, et cherchent à se rencontrer par l’extrémité élargie qui en représente le pavillon. »

Chez les espèces nombreuses qui font partie du groupe des Oxytrichines, le rapprochement offre aussi certains préliminaires intéressants. Les deux individus, qui ont en général le corps fortement déprimé et la face inférieure garnie de cils souvent fort développés, se superposent par la face ventrale et enchevêtrent mutuellement les cils qui garnissent cette région, tandis qu’avec leurs cornicules ou pieds-crochets antérieurs ils se font des attouchements répétés sur divers points du corps. Ces préludes durent souvent plusieurs heures avant que l’accouplement commence.

Quant à l’accouplement lui-même, il est aussi très intéressant à étudier pour le psychologue, qui peut admirer la précision avec laquelle les deux individus prennent l’attitude nécessaire pour la fécondation.

Pendant la conjugaison, les deux Infusoires ciliés sont toujours réunis par l’ouverture qui forme la bouche. On a pensé que cette ouverture devait jouer le rôle d’un orifice sexuel par lequel les deux animaux accouplés feraient l’échange de leurs produits reproducteurs ; on a pensé aussi qu’il devait exister une ouverture sexuelle spéciale, placée très près de la bouche ; mais ces questions de structure sont encore douteuses.

L’attitude des animaux pendant la conjugaison varie suivant la position de la bouche qui est, dans certains groupes, latérale, et chez d’autres, terminale.

Les espèces les plus nombreuses ont une bouche latérale. À ce type appartiennent les Paramécies ; ces Infusoires, dont le sillon buccal occupe le fond d’une excavation profonde creusée à leur face ventrale, se superposent dans toute l’étendue de cette face, en laissant exsuder une substance glutineuse qui les colle dans cette situation ; leurs deux bouches sont alors étroitement superposées. L’accouplement dure de vingt-quatre à trente-six heures chez le Paramecium aurelia ; il dure plusieurs jours, cinq à six, chez le Paramæcium bursaria. Chez les Oxytrichines les deux animaux conjugués se fusionnent d’une façon plus intime, dans une partie importante de leur individu.

On arrive ensuite au second groupe d’Infusoires qui présentent une bouche terminale ; nous avons eu un exemple de ce type dans le Didinium nasutum, ce curieux Infusoire chasseur ; on pourrait citer encore les Coleps, les Nassula, les Prorodon. Les deux animaux ne s’accolent point latéralement, ils se placent bout à bout, réunis par leur extrémité antérieure, bouche contre bouche ; puis,