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BINET.vie psychique des micro-organismes

sont organisées dans le protoplasma entre certaines excitations et certains mouvements. Quant à expliquer la nature physique de ces associations, c’est ce qui nous paraît totalement impossible.

Les idées fort ingénieuses émises par M. Spencer sur les lignes de moindre résistance offertes par les fibres commissurales ne sauraient s’appliquer ici, puisque tout se passe dans une cellule unique ; ce qu’il faudrait expliquer, c’est comment et par suite de quelle structure une forme de mouvement moléculaire correspondant à une excitation donnée est suivie par telle autre forme de mouvement moléculaire correspondant à un acte également déterminé.

VI

Fécondation

Nous abordons ici un sujet plein d’obscurités ; nous limiterons notre étude aux Infusoires ciliés ; c’est chez ces espèces que la fécondation et les phénomènes psychiques qui l’accompagnent ont été les mieux observés.

Ehrenberg avait accrédité dans la science l’opinion qu’il n’y a jamais d’accouplement chez les Infusoires, et que tous les faits rapportés à cet égard par les anciens auteurs doivent être considérés comme des phénomènes de fissiparité longitudinale. Cette erreur resta classique jusqu’en 1858, époque où M. Balbiani adressa à l’Académie des sciences une communication dans laquelle il montrait qu’on observe chez les Infusoires une reproduction sexuée, précédée d’un accouplement.

Avant de décrire les modifications qui s’accomplissent dans le noyau et le nucléole des Infusoires conjugués, nous tracerons le tableau succinct des phénomènes psychiques par lesquels les Infusoires ciliés se préparent à l’accouplement.

Nous prendrons pour guide M. Balbiani, en lui empruntant librement quelques-unes de ses descriptions, dont l’exactitude a été confirmée depuis par M. Gruber.

Pour bien comprendre la signification des faits qui vont suivre, il faut se rappeler que dans tout le règne animal le rapprochement sexuel ne se fait qu’à la suite de préliminaires psychologiques dont la durée peut être fort longue.

La femelle poursuivie par le mâle paraît être animée de deux désirs contraires, celui de recevoir le mâle et celui de l’écarter. Ce refus, qui n’est que temporaire et plus apparent que réel, a pour effet d’exciter le mâle à déployer les facultés qui peuvent charmer la