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font leur nourriture au moyen d’une excitation physique ou chimique.

Les recherches de Pfeffer, dont nous parlerons plus loin, donnent un certain appui à cette hypothèse[1].

3o Estimation du point occupé par le corps extérieur. — C’est un fait général que les Micro-organismes ne perçoivent pas seulement les corps extérieurs, mais qu’ils indiquent par leurs mouvements une connaissance exacte du point occupé par ce corps. On pourrait dire qu’ils possèdent toujours un sens de la position dans l’espace. La possession de ce sens leur est d’ailleurs absolument indispensable, car il ne peut leur suffire de connaître la présence d’un corps extérieur pour arriver à s’en rapprocher et à le saisir ; il faut en outre de toute nécessité qu’ils connaissent sa position pour diriger leurs mouvements.

La forme la plus simple du sens de la localisation se rencontre dans l’Amibe, qui, lorsqu’elle englobe une particule nutritive, émet toujours ses pseudopodes précisément sur le point de sa masse où le corps étranger a produit une irritation. La forme la plus complexe de la localisation se trouve chez le Didinium que nous avons tant de fois cité ; le Didinium perçoit exactement la situation de la proie qu’il poursuit, puisqu’il l’ajuste comme un chasseur, et la transperce de ses flèches urticantes. Entre ces deux espèces, nous trouvons tous les cas intermédiaires de localisation des perceptions.

Il existe cependant des doutes sur la question de savoir si les Proto-organismes perçoivent immédiatement la direction et la distance des corps extérieurs, ou s’ils n’arrivent à s’en rapprocher que par des tâtonnements successifs. Les observations que nous avons recueillies ne tranchent pas la question.

4o Phase motrice. — Nous passons maintenant à la phase motrice.. Les mouvements que font les Micro-organismes comme réponse à une excitation ne sont pas le plus souvent de simples mouvements réflexes, ce sont des mouvements adaptés à une fin. Nous ne saurions assez le répéter, ces mouvements ne s’expliquent pas par le simple phénomène de l’irritabilité cellulaire.

Tout d’abord, ils varient avec l’excitation ; telle excitation reçue amène exactement telle réponse motrice ; un corps situé à droite ne détermine pas le même mouvement qu’un corps situé à gauche ; un corps de nature alimentaire ne provoque pas les mêmes actes qu’un corps d’une autre nature. Tout cela suppose que des associations se

  1. La place nous manque pour entrer dans de plus longs développements ; nous reviendrons sur la question plus tard, lorsque nous réunirons ces articles en volume.