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M. Schiff a contrôlé en outre que les mouvements des muscles des membres déterminent un échauffement du cerveau prédominant dans une certaine région, mais tendant à s’étendre à tout l’hémisphère du côté opposé et même aux deux hémisphères. Nous avons vu d’autre part que l’exercice d’un groupe de muscles développe l’énergie d’un membre tout entier, que cette exaltation fonctionnelle peut s’étendre à l’autre membre du même côté, puis enfin aux membres du côté opposé. L’observation clinique m’a fourni depuis quelques faits qui viennent à l’appui des résultats expérimentaux : chez plusieurs épileptiques j’ai constaté qu’à la suite de secousses affectant principalement les membres supérieurs, la force dynamométrique s’exagérait ; le même phénomène se produisait chez une femme hystérique à l’occasion d’un spasme intermittent du long supinateur. Lorsqu’on a placé un myographe simple sur le long supinateur gauche, et un myographe muni d’un excitateur électrique sur le même muscle du côté droit, on voit chez certaines hystériques qu’après un certain nombre d’excitations le muscle du côté gauche qui ne subit aucune excitation directe commence à éprouver de petites secousses (fig. 1).

[Image à insérer]

Fig. 1. Réactions musculaires chez G. a, courbe du long supinateur droit qui subit des excitations au degré 7 de l’échelle Dubois-Raymond (7-5), puis au degré 5 (5-5) ; — b, muscle long supinateur gauche qui commence à éprouver des ondulations quand les excitations sont à 5.

Davy admettait que l’augmentation de chaleur produite par le travail intellectuel, d’abord limitée à la tête, s’étend ensuite à tout le corps. Nous avons montré que, sous l’influence de l’activité psychique, il se produit une augmentation de volume des membres trahissant une augmentation de la quantité de sang. Cette augmentation de volume coïncide d’ailleurs avec une exagération de la force musculaire et de la sensibilité. Cette constatation est encore d’accord avec d’autres faits bien connus. On sait par exemple que, sur un animal mort, l’excitation d’un nerf produit à la fois une élévation