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NOTE SUR LES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES DES ÉMOTIONS


Cet essai a été précédé et préparé par une série de recherches physiologiques[1] dont il nous parait utile de rappeler brièvement les résultats principaux, pour faire paraître plus clairement les faits généraux qui se dégagent de l’ensemble de ces études. Nous aurons d’ailleurs occasion d’ajouter quelques remarques et quelques observations nouvelles.

Les actes dits volontaires s’accompagnent de phénomènes physiologiques multiples, propres à mettre en lumière leur nature réflexe et leur irrésistibilité.

Lombard avait vu que l’activité cérébrale s’accompagne d’une augmentation de température de la tête prise à travers les téguments du crâne ; Broca, Amidon, etc., ont apporté un grand nombre de faits à l’appui de cette constatation en parfait accord d’ailleurs avec cette loi formulée par Cl. Bernard : « Il y a un rapport constant entre l’intensité des propriétés nerveuses et celle de la circulation[2]. » L’activité cérébrale se caractérise par une plus grande rapidité des échanges nutritifs dans la substance nerveuse et par une élimination plus abondante des matériaux d’oxydation[3] : l’expérience de M. Preyer produisant le sommeil par l’ingestion de lactate de soude sert de contrôle à cette observation. Du reste, des expériences plus rigoureuses que celles de Lombard, entreprises par M. Schiff, ont montré que l’élévation de la température superficielle correspond réellement à une élévation de température du cerveau.

  1. Sensation et mouvement. Étude expérimentale de psycho-mécanique (Bibl. de philosophie contemporaine). 1887.
  2. Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux, t.  II, p. 11.
  3. Byasson, Essai sur la relation qui existe à l’état physiologique entre l’activité cérébrale et la composition des urines, th. 1868. — Mairet, De la nutrition du système nerveux à l’état physiologique et à l’état pathologique (Arch. de Neurologie, 1885, t.  IX, p. 232 et 360 et t.  X, p. 76).