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sidérer tous les événements naturels comme tendant à une fin, et en trouve la preuve dans l’ordre et dans les lois du cosmos ; la finalité interne des organismes dans lesquels tout tend à la conservation de la vie, et les organes aussi bien que les fonctions montrent cette tendance vers une fin ; et la finalité humaine dans l’action volontaire et la moralité, tous les hommes se fixant des fins et choisissant des moyens pour les atteindre. La conception téléologique n’est valide que dans le champ d’action de l’homme et des animaux intelligents ; mais elle ne peut prétendre ailleurs à une valeur objective. L’homme en quête d’explications, pour couvrir sa propre ignorance, suppose des causes et des processus qu’il éprouve en lui-même et projette au dehors ses propres phénomènes, qui manquent isi des conditions nécessaires d’application et de vérification.

Revue analytique : Le progrès de la science et ses rapports avec la révélation. (E. Morselli.) — La faune et la pensée humaine. (G. Cattaneo). — Traité d’économie politique. (E. Morselli.) — Revue synthétique : De quelques formes de transition dans la série animale. (G. Mazzarelli.)


La Nuova Scienza.

(Novembre 1886 Luglio 1887.)

I. La formule pythagorique de l’évolution cosmique. La genèse du nombre conceptuel doit être cherchée dans la longue évolution cosmique, et non dans la simple expérience humaine (qui serait impossible sans mesure ni nombre), ni dans la réminiscence platonique ou cartésienne, ou dans le réveil de l’idée inconsciente supposé par Leibnitz. Le caractère vaporeux de la philosophie ontologique ancienne et moderne se manifeste par le peu d’importance qu’elle a donné au nombre, qui est l’idée la plus pure, la plus universelle et la plus sûre de toutes.

La réalité du nombre se trouve déjà dans les modes d’être des atomes, bien qu’opprimée dans la lutte incessante. Dans la réalité physique, il y a plusieurs éléments du nombre conceptuel : l’unité toujours identique à elle-même qui fait la masse ; l’exclusion du contraire (répulsion, impénétrabilité) ; la tendance aux formes d’unités plus hautes, qui fait l’attraction moléculaire, la cohésion, la gravitation, l’électricité, etc. ; la répétition des actes, visible dans les vibrations et les ondulations ; le rythme avec lequel se font ces répétitions ; le sens de l’énergie reçue et dépensée qui gouverne l’électricité, et l’affinité chimique, etc. ; la synthèse, qui unifie l’équilibre instable de la cellule, qui se maintient et se renouvelle par la chaleur et les aliments.

La tendance synthétique, dans les cristaux, n’est qu’un effort extraordinaire pour donner à partir du centre la direction des axes ; dans les cellules, elle devient continuelle et développe les sensations des corps durs au contact, froids ou chauds, etc. Dans leur centre commun existe, à ce qu’il semble, la représentation, qui oppose le sujet à l’objet.